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Reprise des répétitions le jeudi 20 septembre 2018
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mercredi 1 février 2012
Ma voix, mon instrument
par Chantal Rioux ; Directrice des services éducatifs au Collège Villa-Maria et chanteuse.
in Bulletin Chanter (Alliance des chorales du Québec), volume 5, n° 3.
La voix est certes l'instrument le plus commun et le plus utilisé au monde. La façon de s'en servir, sa couleur, sa personnalité sont multiples et varient d'une personne à l'autre. Mais savons-nous comment en préserver la beauté et la qualité ? Depuis déjà vingt ans, je travaille à guider les gens dans leur recherche de la beauté du chant. Le bien-être que celui-ci apporte dans la vie des personnes jeunes et moins jeunes est difficile à décrire. Quoi qu'il en soit, chacun et chacune ont le même but, celui d'améliorer son instrument afin de produire les sons les plus harmonieux possible. On peut résumer l'utilisation de l'appareil phonateur en quatre grands points : la respiration, l'émission du son, la résonance et l'articulation.
Respirer correctement
Pour apprendre à bien respirer, le chanteur doit d'abord abandonner ses réflexes courants, ceux de tous les jours. Il suffit de demander à quiconque de prendre une inspiration profonde pour voir aussitôt ses épaules se tendre vers le haut, son thorax se gonfler et sa gorge se crisper. Le chanteur doit donc réapprendre à respirer correctement, c'est-à-dire respirer au niveau du diaphragme et des abdominaux tout comme l'enfant qui vient de naître ou qui dort. Pour ce faire, il existe bon nombre de recommandations.
Un exercice bien simple comme aspirer l'air à l'aide d'un cylindre de carton placé devant la bouche (un rouleau vide de papier de toilette fait l’affaire), donnant aux lèvres la même forme que celui-ci, permettra de ressentir tout de suite l'effet de l'air qui entre profondément dans le corps. La mâchoire s'ouvrant mieux à l'arrière libérera le pharynx et le larynx. La langue devra se poser confortablement, bien détendue sur la base des dents d'en bas. L’idée de remplir un sac placé dans le corps à la base du sternum pourra aider à détendre les abdominaux, lesquels permettront au diaphragme de descendre plus bas. Celui-ci ayant alors plus d'espace, il aura un meilleur contrôle sur la sortie d'air.
L’exercice suivant aidera à faire prendre conscience de la poussée du diaphragme et autres muscles. Après une inspiration détendue, souffler sur trois chandelles en utilisant ces consonnes: ff, ss, ch. La première fois, inspirer entre chacune d'elles et la deuxième fois ne respirer qu'en changeant de consonne. Ex : ff' ff ' ff' ss' ss' ss' ch' ch' ch' ensuite ff ff ff' ss ss ss' ch ch ch. Il est très important de détendre la musculation à chaque inspiration en prenant bien soin de faire le mouvement lentement.
Se concentrer sur le nombril, le pousser vers l'avant puis vers l'intérieur plusieurs fois sans respirer ou expirer, constitueront d'autres bons exercices pour assouplir la musculation.
Le soutien est certes ce qu'il y a de plus difficile à expliquer. Il ne saurait en aucun temps d’écouler d’une crispation ou d’une raideur musculaire.
Les cordes vocales pour l'émission du son
L'émission du son parlé ou chanté se fait à partir des deux cordes vocales (petits cordons musculo-membraneux placés horizontalement à l'intérieur du larynx vis-à-vis la pomme d'Adam et qui vibre au passage de l'air entre eux). Ces cordes vocales sont plus ou moins larges et épaisses selon les individus. Plus les cordes seront grosses, plus les sons qu’elles émettront seront graves et plus elles seront petites, plus les sons seront aigus. La partie des cordes vocales qui vibre est blanche et rigide (un peu comme du cartilage de poulet). Pour qu'un son soit émis, nos deux cordes doivent se rapprocher l'une de l'autre sans se coller. Trop écartées, le son émis sera «venteux», trop collé, aucun son ne pourra être émis, le passage de l'air ne se faisant pas. Pour contrôler la hauteur du son, les cordes s'étirent comme un élastique. En s'étirant, les cordes s’amincissent, permettant au son de monter. En se détendant, elles s’épaississent, permettant au son de descendre. C'est pourquoi la grosseur des cordes détermine le registre d'un chanteur.
Pour bien visualiser le fonctionnement de celles-ci, placez votre main parallèlement au sol et écartez le majeur et l’index en forme de V. comme vos doigts, les cordes sont écartées et l'air passe largement. Aucun son n'est alors émis. Rapprochez les doigts pour refermer un peu le V, les cordes qui, elles, sont fermes vibreront grâce à la pression qu’exerce l'air sur elles (un peu comme un brin d’herbe que l’on fait vibrer entre nos doigts).
Un bon chanteur pourra couvrir trois octaves en vocalises et deux dans le répertoire habituel. La principale difficulté réside dans la stabilité de la gorge elle-même. Pour permettre un bon fonctionnement de ses cordes vocales, le chanteur doit apprendre à garder la gorge ouverte et détendue. Combien de fois voyons-nous le larynx monter, se tendre et comprimer le pharynx quand on cherche à chanter les notes aiguës ou, à l'inverse, le larynx s'affaisser vers le bas pour les notes graves ?
Après l'inspiration ouverte, cherchez à garder la même sensation d'ouverture; laissez passer un peu d'air entre les cordes en prononçant de longs Haaa, Haaa, Haaa, (avec le H aspiré, émis par le passage de l'air entre les deux cordes et non au niveau du pharynx ou de la trachée en prenant garde de ne pas laisser la langue monter et de la laisser vraiment détendue en poussant l'air avec le ventre pour attaquer). Cet exercice aidera à prendre conscience du travail des cordes. Le son émis, libre, pourra alors se placer dans la bouche en frappant sur l'os du palais dur, rendant la résonance du corps possible et favorisant un bon soutien. Toucher du bout des doigts le larynx vis-à-vis la pomme d'Adam favorisera la visualisation de l'émission du son.
La résonance
Plus le son émis sera aigu, plus il résonnera vers l'arrière du palais dur, permettant au son de se placer dans les cavités résonantes de la boîte crânienne, sinus et fosse nasale. Plus le son sera grave, plus il résonnera vers l'avant du palais, permettant de garder l'ouverture nécessaire à la vibration du haut de la poitrine. L'utilisation des consonnes L et N, bien articulées avec le bout de la langue placé sur la gencive supérieure ainsi qu'une bonne position des lèvres, mâchoire inférieure détendue, aideront au contrôle de la résonance.
• Le rr roulé en avant sur plusieurs notes de même que le zz et le gnan attireront aussi le son vers le palais dur. Ces consonnes permettront au son de mieux s'articuler vers le haut et au chanteur de prendre conscience de la résonance.
• La voyelle « i » favorisera la découverte de la résonance. Étant une voyelle fermée, elle concentre le son, alors que la voyelle «o» favorise la hauteur du son sans perdre totalement l'endroit de résonance. Il est important de noter que le « i » se fait à partir du positionnement de la langue dans la bouche et non de la mâchoire. C'est-à-dire que le bout de la langue repose à la fois sur la base des dents d'en bas et le haut de la gencive inférieure, tandis que les côtés de la langue s'appuient sur les dents arrière du haut des deux côtés et une partie de la gencive supérieure.
• Pour prendre conscience de cette position, dire l’« i » et visualiser l'endroit où s'appuie la langue.
Pour favoriser le «i» chanté, travailler le mouvement suivant : Dire «a» mâchoire détendue, bouche ouverte normalement, et dire «i» en essayant de ne pas refermer la bouche. En vous aidant d'un miroir et de vos mains placées sur votre mâchoire, vous observerez le mouvement de la langue.
• Le « o », quant à lui, souffre souvent d'une mollesse excessive des lèvres. Il sera important d'utiliser les commissures des lèvres, sans toutefois les crisper, pour permettre au son d'être bien projeté vers les résonateurs.
L’articulation
Enfin, il ne faut pas négliger l’articulation des mots. Travailler le texte parlé et chuchoté rendra l'articulation moins molle et développera le tonus musculaire des lèvres.
Projeter avec un bon tonus des lèvres les syllabes Ba, Be, Bi, Bo, Bu en poussant avec le ventre à chaque syllabe.
• Recommencer avec Q, F, G, P, V, F, etc.
• Faire les mêmes exercices avec un crayon entre les dents forcera les lèvres à mieux travailler.
• L'exercice du « poisson » aidera aussi à la musculation des lèvres : Fermer les lèvres. Avancer celles-ci vers l'avant comme pour donner un « bec », rester dans la position avancée en tenant les commissures vers l'avant, ouvrir les lèvres et les refermer cinq fois et relâcher. Recommencer quelques fois.
Travailler le son « Ch » pour l'allemand est essentiel pour les choristes interprétant le répertoire classique.
Prononcer le « i », langue bien positionnée, rester dans cette position, monter le centre de la langue vers le palais dur pour faire siffler l'air entre la langue et le palais dur donnera le «ch» allemand au centre i...ch. i....ch. Le «ch» arrière ressemble au rr arrière français, mais crachoté.
• Pour devenir plus performant, passez du «ch» français au «ch» allemand centre et au «ch» allemand arrière en alternance.
Pour conclure, il est évident que l'on ne peut, en un seul article, résumer l'apprentissage du chant. Au-delà de la technique, retenons que dans toute recherche, l'essentiel doit être préservé. En ce qui nous concerne, l'important est de permettre à l'âme d'exprimer une émotion que la technique seule ne saurait faire passer. Le texte à dire est au cœur du chant, l’émotion qui s’y rattache guide notre expression tandis que la musique le fait voyager à travers les sens. La voix est notre premier instrument et la travailler, n’est-ce pas prendre soin de notre expression musicale la plus intime ?
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