À la suite de l’article Les
chefs de chœur : ils dirigent pourquoi ? comment ?, une choriste m’a demandé
ce qui m’animait moi-même ; voici ce qui me vient d’abord à l’esprit.
Beaucoup de gens aiment chanter. Pour différentes
raisons ils n’en ont pas la possibilité. Or pour eux le chant choral est une
chance unique : sans une formation initiale particulière et au prix d’un
effort raisonnable d’attention et d’assiduité, ils peuvent entrer rapidement de
plain pied dans le monde du chant, c’est-à-dire évidemment aussi dans le monde
de la musique ; parce que le chef de chœur leur montrera le chemin à
suivre et parce que, se soutenant mutuellement dans leur chant, les choristes
arriveront à des prouesses qu’ils n’auraient jamais imaginées en restant seuls.
Je suis profondément convaincu que, concernant le chant,
les ressources des personnes sont immenses et surtout qu’elles dépassent de
beaucoup ce qu’elles-mêmes peuvent imaginer. Le chef de chœur est donc, pour
moi, celui qui faisant confiance à ces ressources (souvent même plus que les
personnes elles-mêmes) n’aura de cesse de chercher à les mobiliser. Cela ne se
fait pas tout seul, il faut du temps, il faut que chacun accepte tout doucement
de se former. Mais le seul fait que chacun peut éprouver, d’une répétition à
l’autre, un progrès, aussi minime soit-il, est un encouragement permanent à
poursuivre l’œuvre entreprise. Au-delà du plaisir immédiat que procure toute
activité musicale, il y a cette chose importante qui est le sentiment de
progresser un peu chaque jour et, en fin de compte, d’entrer à chaque fois un
peu plus dans le mystère de la musique ; en particulier en n’étant plus
seulement un auditeur mais aussi un véritable acteur.
Car la musique est un mystère – que l’on se rassure :
pour le chef de chœur aussi ! S’il peut se permettre de diriger un groupe
de choristes, c’est parce qu’il détient seulement quelques clefs à partir
desquelles il arrivera à les faire bien chanter ensemble, à produire une harmonie
vivante. D’où lui viennent ces clefs ? De son travail personnel. Le chef
de chœur commence par étudier attentivement chaque partition ; il essaye
de l’entendre intérieurement, d’en être ému personnellement et de chercher les
moyens par lesquels il pourra transmettre cette émotion à ses choristes ; cela
c’est avant puis pendant les répétitions ; ensuite, lors du concert, ce
sera aux choristes eux-mêmes de transmettre à leur tour leur propre émotion au
public ; le chef de chœur est encore utile au concert, certes, mais
beaucoup moins qu’aux répétitions : car c’est bien là que se pétrit très
profondément la pâte qu’il ne restera plus qu’à servir au moment du concert.
Je pourrais dire, comme Laurence Équilbey : J’aime être un truchement pour transmettre
les œuvres ; et en tout premier lieu pour les transmettre à chaque
choriste, pour qu’il trouve sa place propre dans la réalisation d’une œuvre.
Plus largement, j’aime m’engager dans cette voie pas
si facile qui consiste à participer à la promotion du chant choral ; cette
chose me semble nécessaire dans la mesure où il s’agit, en France, d’une
activité en fait assez mal connue. Voilà une des raisons de l’existence de ce
blog – et par exemple de l’article : Pourquoi
rejoindre une chorale ? Le chant choral ne mérite-t-il pas, en
effet, d’être mieux connu ? Il est vrai que si l’on n’a pas vécu soi-même
cette expérience de l’intérieur, il peut être difficile d’en imaginer tous les
bienfaits. Je terminerai donc par ces mots de César Geoffray, ce grand précurseur :
Lorsqu'on a goûté une fois l'agrément de
ces moments étonnants d'efforts collectifs d'où émerge une émotion exceptionnelle que ne peuvent
soupçonner les profanes, on s'engage pour toujours sur une voie de perfection ;
alors à nous chefs de chœur de savoir susciter de tels moments.
(et les choristes, pourquoi chantent-ils ?)
RépondreSupprimerA la lecture de ce texte, je me suis totalement retrouvée. Arrivée dans cette chorale depuis deux saisons, un peu par hasard, sachant seulement que j'aimais bien chanter, sans rien connaitre du monde de la musique, sans avoir jamais été écouter un concert de chorale. Quelle découverte ce fut ! Le travail de la voix, l'apprentissage du chant, l'énergie que cela demande et l'émotion que l'on ressent pendant un concert. Pas seulement l'émotion d'être devant un public mais l'émotion de toutes ces voix réunies, on ressent une vibration et un plaisir immense qu'on n'aurait jamais imaginé. Juste pour ces quelques instants de bonheur, le temps d'un concert, tous les efforts, tous les moments difficiles lors des répétitions, tout cela est oublié. Il ne reste que ces instants magiques de partage avec les choristes, le chef de choeur et le public. MERCI POUR TOUT CELA
L’expression des choristes, tout autant que celle des chefs de chœur est chose trop rare ; encore plus rares les lieux où les deux peuvent se croiser. Continuons donc à être attentifs aux paroles des choristes, aux paroles des chefs de chœur, et à ce qui peut leur permettre de communiquer.
RépondreSupprimerConcernant des paroles de choristes, j’en ai trouvé sur 2 sites :
Chœur Régional Ile-de-France Chansons :
http://www.crifc.com/ParolesDeChoristes.htm
Attention Chorale de Jeunes :
http://attentionchorale.free.fr/paroles.html