Mais avant de parler des repères que l’on peut se
donner pour prendre conscience de son chant, insistons sur la nécessité de lutter
contre le travers qui consiste à chanter machinalement ; donc sa véritable
conscience de ce que l’on produit.
Les choristes ont souvent tendance à penser que,
pour apprendre leurs chants, ils doivent surtout les chanter en entier, du
début à la fin sans interruption. Ils ne réalisent pas que cette façon de faire
a deux inconvénients majeurs. Car d’une part, ce faisant, ils font confiance à
un automatisme dont ils vont ensuite rester dépendants ; de sorte qu’au moindre
écart produit par la chorale ils ne pourront guère gérer la situation et ne
sauront reprendre le fil troublé de leur chant ; la moindre fantaisie les
égarera. D’autre part, sachant qu’il reste encore longtemps des passages mal assurés,
ils ne se donnent pas les moyens d’y remédier en travaillant ces passages en
particulier et en y concentrant totalement leur attention ; bien au
contraire, en répétant de façon approximative ces passages, leur mémoire finit
par s’habituer à ces approximations et l’on aura par la suite beaucoup plus de
mal à apprendre correctement la bonne version.
Tout cela ne doit évidemment pas empêcher que l’on
tente, de temps en temps, de chanter le chant en entier ; mais si l’on a
le sentiment d’éprouver enfin le plaisir de chanter sans contrainte, on ne doit
pas confondre cela avec un moyen de corriger ce que l’on ne sait qu’insuffisamment.
En résumé :
lorsque l’on a appris son chant à partir d’un enregistrement, le morceau est d’abord
su d’un savoir mécanique : on
sait produire le chant d’une façon automatique (que l’on risque de confondre
avec un utile savoir par cœur) mais
sans être capable d’en reprendre soi-même le contrôle, en particulier pour modifier
notre façon de chanter des passages mal sus.
Il faut donc apprendre à passer de ce premier stade
du savoir automatique à un deuxième
stade : celui d’un savoir raisonné
– seul ce dernier peut être proprement
musical. Ce savoir nous permet de faire autre chose que de chanter par
répétition. Car le but de la musique n’est pas de répéter mais de créer. Il
faut donc se donner les moyens d’apprendre à recréer un chant. Il faut prendre ses distances avec la pure répétition pour enfin accéder au domaine
de la recréation.
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